
Nous venons de voir dans l’article précédent, quelle place a la femme face aux troubles sexuels masculins.
Mais il est également important de noter qu’une dysfonction sexuelle féminine peut aussi jouer un rôle dans l’origine ou l’entretien d’un trouble sexuel chez l’homme.
C’est le cas, notamment, lorsque celle-ci est liée à un évènement de la vie génitale de la femme (grossesse, post-partum, ménopause, maladie…).
En pratique, la prise en compte des deux partenaires permettra une appréciation plus juste du trouble et une approche thérapeutique mieux adaptée.
1) La dysfonction érectile
Une femme sur quatre de moins de 65 ans a déjà vécue la « panne » d’érection de son partenaire.
Les réactions sont différentes en fonction de l’âge, de la longévité du couple et de la fréquence des « pannes ».
- 98% des femmes estiment qu’il s’agit d’un évènement banal et naturel qui peut arriver à tout homme un jour ou l’autre.
- Lorsque cela arrive, les femmes sont en général plutôt rassurantes et stimulantes : 92% rassurent leur partenaire, 78% s’efforcent de le stimuler et 60% l’incitent à continuer autrement.
- 24% vont, quant à elles, se sentir agacées et frustrées.
- 66% estiment que l’attitude de leur partenaire est de nature à renforcer la dysfonction (insistance, repli, évitement, absence de dialogue).
- Enfin, le plus difficile pour 47% d’entre elles, est l’attitude de l’homme face à une panne : retrait, énervement ou culpabilisation excessive.
Comme le montre l’étude de Marie-Hélène COLSON, l’une des causes de la souffrance chez la femme est le manque de communication (18%) et de caresses pour compenser, (18%) bien plus que l’absence de pénétration (3%) ou de rapport abouti.
Le repli sur soi de l’homme confronté à la DE mais également, son incapacité à renouer du lien affectif ou sensuel et à créer un dialogue, est une réelle difficulté pour le couple.
Son enquête, menée auprès de 507 femmes, révèle une différence significative dans la satisfaction sexuelle et l’état de bien-être général chez la femme, en fonction de la qualité de la communication du couple à propos du trouble sexuel de l’homme.
Si l’homme cherche à en parler (36%), sa partenaire aura tendance à banaliser la difficulté (37%).
Elle l’attribuera plus facilement à un surmenage (33%). Ou elle se dira plutôt satisfaite ou très satisfaite de sa sexualité (76%).
Elle dira qu’elle n’en souffre pas (75%). Mais aussi, elle l’incitera plus facilement à aller consulter un médecin (66%).
En revanche, s’il n’en parle pas (64%), elle attribuera la DE à un manque de désir (65%), et se déclarera peu satisfaite de sa sexualité (68%), surtout si l’absence de communication se double d’un repli sur soi ou d’agressivité. Elle dira alors plus facilement qu’elle en souffre (78%).
COLSON M.H., Les femmes face à la dysfonction érectile : problème d’homme, regards de femme.
Ainsi, suivant la réaction de son partenaire, la femme, confrontée à la dysfonction érectile masculine, peut avoir un discours dépréciatif (tel que : « Il ne me désire plus. », « Il ne m’aime plus », « Je ne sais pas m’y prendre ») et une baisse d’estime de soi, surtout lorsqu’il y a une confusion entre le désir masculin et l’excitation physiologique qui se traduit par l’érection.
L’homme, quant à lui, vit une situation angoissante qui se manifeste par une perte de confiance en soi, un repli sur soi, des angoisses d’anticipation de l’échec, une sexualité vécue comme une performance ratée, et, surtout par une perte de son identité virile.
Ces ressentis vont entrainer des réactions négatives comme un retrait de la relation, un isolement, un manque de communication, une irritabilité, des comportements violents, des tentatives de déplacements du problème.
Nombreux sont les hommes qui refusent de consulter par gène, honte ou fausses croyances, telles que : « c’est irréversible (avec l’âge) ».
De plus, on remarque que les désirs et les attentes de la partenaire sont mal connues ou mal évaluées, avec des pensées négatives comme ce qui suit :
« Je ne suis pas un homme » « Je ne satisfais plus ma partenaire. » « Elle va me trouver nul. » « Elle va aller voir ailleurs. » ou bien « Je devrais aller voir si ça fonctionne ailleurs ? ».
Alors que nous avons vu que la partenaire est en attente de communication et de gestes affectueux, sans pénétration.
Nous verrons dans l’article suivant, les cas de l’éjaculation prématurée ainsi que l’éjaculation retardée et anorgasmie.